Une ambiance irisée qui fait saliver !

Nevine Ahmed Hanaa Khachaba Dimanche 18 Novembre 2018-13:24:17 Dossier

La naissance du Prophète n’est assurément pas un événement tout à fait comme les autres. Raison de plus pour le célébrer comme il se doit : autant sur le plan de la piété et de la dévotion, que sur le registre des réjouissances.

 

Le Mouled est la commémoration de la naissance du prophète des Musulmans, Mohammed (que la paix et le salut d'Allah soient sur lui). Elle se célèbre à la date du 12 de Rabia Al-Awal, troisième mois de l’année de l’hégire. Jour béni d’entre tous et pour cause les musulmans sont conviés à dresser une bonne table pour cette circonstance majeure et s’emplir, partant, de spiritualité.

Jour férié, c'est aussi une occasion pour resserrer les liens familiaux quelque peu distendus pour maints facteurs, outre le besoin naturel et irrépressible pour tout musulman de nourrir et consolider sa foi.

Belle opportunité aussi pour remettre au goût du jour les bons petits plats traditionnels et surtout les fameux gâteaux et autres préparations et confiseries, spécialement confectionnées et dont raffolent tout autant les adultes que les enfants.

A cet événement célébré par bon nombre de communautés musulmanes dans le monde, confiseries et friandises irisent donc les rues du Caire mais aussi des autres villes égyptiennes.

Amoureux de la vie, faisant de chaque instant un bonheur et une quête perpétuelle de plaisir, plusieurs Egyptiens craquent la vie à pleine dentes et ne ratent aucune occasion de festoyer. Que dire alors quand il s’agit de la célébration de la fête du Mouled. Celle-ci, au-delà de sa signification religieuse et spirituelle relative à la naissance du Prophète Mohamed, rime avec la joie, les visites familiales et surtout la préparation de la célèbre halawat al-mouled.

Loin d’être une simple fête locale, la célébration du Mouled en Egypte est souvent l’occasion pour l’ensemble de ses habitants de retrouver sérénité et quiétude.

Pour manifester l’amour porté au prophète Mohammed, se rappeler ses actions et ses paroles (hadiths), chaque quartier conserve sa propre tradition et perpétue ses coutumes séculaires alliant art culinaire, renforcement des liens familiaux, solidarité et recueillement.

Des semaines avant la grande célébration décrétée jour férié en Egypte, Halawet al-mouled inondent les magasins. De grandes tentes se dressent particulièrement à cette occasion pour la vente de boîtes multidimensionnelles contenant ces délices. Lokoums, des pâtes aux sésames, aux cacahuètes, des disques en sucre  incrustées de pois chiche, toutes sortes de douceurs remplissent ces coffrets aux couleurs variées.

La fameuse poupée en sucre et le magnifique cheval, ces figurines en sucre ornées de jolies bandes colorées sont également présents dans ce décor irisé. Nombreuses familles égyptiennes se ruent à l’achat du halawat al-mouled malgré des prix souvent dépassant leur budget. Mais de peur de rompre avec la coutume ancestrale, elles serrent la ceinture question de pouvoir s’offrir quelques régals et réjouir le cœur des enfants. Dans certains établissements, les employés touchent une prime spéciale à cette occasion. Cet argent dit « prime du Mouled », est une sorte d’allocation consacrée aux fonctionnaires pour les aider à faire leurs emplettes. Dans d’autres entreprises, des boîtes remplies d’une bonne variété de ces confiseries sont distribuées au personnel. Fabriqués à partir de noix et de noisettes, le tout collé par du miel ou du sucre fondu, halawat al-mouled contient de très fortes calories. Alors ceux qui se soucient pour leur ligne, faites gaffe à ne pas en consommer sans retenue !

En effet, les habitudes et les coutumes se transmettent de génération en génération, ainsi la tradition de raffoler de ce type de confiseries depuis l’époque fatimide, et elle a été par conséquent préservée. En Egypte, le Mouled al-Nabaoui se fête dans une ambiance particulière. Des cérémonies religieuses se déroulent dans les mosquées et en famille, toute une semaine. C’est à Al-Machiakhah (siège du Grand Imam d’Al Azhar) que se déroule officiellement, la veille du Mouled, la cérémonie religieuse et les chants liturgiques. Sur l’antenne tout comme à l’écran des émissions sont diffusées pour rappeler les vertus et les valeurs du prophète.

La tradition veut qu’entre familles, amis et voisins, on s’échange des plats joyeusement garnis de halawat al-mouled et que les fiancés s’offrent des boîtes de ces succulents confiseries orientales. C’est donc une occasion pour se rendre visite et pour partager l’ambiance radieuse de ce jour béni.

Voici venu aussi le moment de la cérémonie où les mosquées et zaouyas se remplissent de fidèles qui déclament des panégyriques et médih (chanter les louanges) qui glorifient Dieu et son prophète Mohamed.

La burda et la hamzyia et d'autres louanges se récitent notamment en Egypte. Les retransmissions à travers les chaînes TV rappellent la vie du Prophète, on appelle ces émissions "Al-Leïla Al-Muhamadiyya".

Chaque pays arabe fête à sa manière l'anniversaire de la naissance du prophète Mohammed. On passe de la fête joyeuse en Egypte jusqu'aux plats épicés du Maghreb.

Il faut donc se rendre en Afrique du Nord pour retrouver un entrain et une ferveur comparables à ceux de l'Egypte. C'est toujours cette origine fatimide des fêtes qui est mise en avant.
Une particularité qui s'explique non seulement par cet épisode fatimide de l'histoire de l'Egypte auquel on attribue tous les éléments festifs, mais aussi par l'amour voué par les Egyptiens aux mouleds et les membres de la famille du prophète en général qui ont tous des sanctuaires à travers tout le pays. C'est ce qui fait que Mouled est célébré d'une manière haute en couleur qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans le monde arabe, à l'exception du Maghreb.

Meknès, au Maroc, ont lieu des cérémonies animées par la confrérie Aissaoua, racontent des historiens. Durant ces cérémonies, les personnes entrent en transe et se cognent la tête, puis sacrifient un bouc de couleur noire. Dans les mosquées, on fait les éloges du prophète en évoquant tous les aspects de sa personnalité et on récite le Coran, en groupe, jusqu'au petit matin. Des gâteaux tels que le kaak et kaab al-ghazal (cornes de gazelle) sont servis le jour de la fête.  A Salé, une ville proche de Rabat, attache une grande importance à cet événement. Là, les grandes figures pieuses organisent un défilé agrémenté de bougies et choisissent un itinéraire précis. Dans d'autres villes, on fête le Mouled durant sept jours.

En Algérie et à la veille de la fête, toutes les façades et les balcons sont illuminés de bougies et l'intérieur des maisons embaumé d'encens. Les enfants sortent dans la rue pour jouer avec des pétards et chantent les louanges du prophète sous le rythme du tam-tam, raconte une enseignante algérienne vivant au Caire. A l'aube et après la prière, les femmes lancent des youyous stridents et s'attellent à préparer des plats. Mais ils ne sont pas sucrés comme c'est le cas en Egypte. On sert des plats à base de différentes pâtes appelées réchta, chakhchoukha, thrid, suivant les régions, servies avec une sauce composée de pois chiches, de navets et de poulet.

En Tunisie, la fête connaît une dimension sociale importante. On échange le plat typique du Mouled, qui est l'assida, une bouillie de farine servie soit sucrée ou accompagnée d'une sauce piquante, ou préparée avec du zougougou (grains de pins) , raconte Hiba, originaire de Kairouan et qui fait des études dans une école francophone du Caire.
Dans sa ville natale, où se trouve la première université islamique, un symposium a lieu le jour du Mouled et qui rassemble toutes les têtes pensantes de l'islam. Des cercles d'invocation se tiennent dans les quatre coins de la ville.

Des articles publiés dans la presse lcoale, raconte maints aspects relatifs aux festivités du Mouled. On révèle donc qu' au Soudan, le Mouled est célébré avec éclat. C'est à partir du 1er du mois de Rabie al-awal et jusqu'au 12 que les cérémonies ont lieu.

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